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Ils ont investi en France

En l'espace de quelques années, le renforcement de l'outil industriel semencier a rarement été aussi important, dans l'Hexagone.

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Malgré des coûts de production plutôt plus élevés que dans le reste de l'Europe et des contraintes administratives parfois lourdes, des groupes internationaux et des entreprises françaises ont fait récemment le choix d'investir dans la production de semences dans l'Hexagone. L'investissement le plus important de ces dernières années, est sans nul doute, celui que Monsanto a réalisé dans ses deux usines du Sud-Est et Sud-Ouest en maïs. Mais le groupe américain n'est pas le seul à avoir choisi, depuis peu, de renforcer ses capacités de production de semences sur le territoire français ou même de s'installer.

Le groupe allemand KWS, par exemple, dans le Sud-Ouest, a investi 15 M€ dans sa station de semences de betteraves sucrières de Buzet-sur-Baïse, dans le Lot-et-Garonne, pour y accueillir des semences de maïs. Tout nouveau venu dans les semences, le Comptoir Agricole, dans le Bas-Rhin, vient de se lancer dans les semences de maïs, pour produire, lui aussi, des semences pour KWS (lire p. 34). La coopérative de Colmar embraye le pas. La coopérative de l'Isère, La Dauphinoise, a également fortement développé son activité semences ces dernières années. Elle s'est dotée d'un bel outil de production qu'elle a inauguré en juin dernier à La Côte-Saint-André. Cet investissement de 30 M€ réalisé en deux tranches, lui permet de traiter la production de 10 000 ha de semences dont près de 5 000 ha de semences de maïs et 1 350 ha de tournesol. Le groupe coopératif Arterris, de Castelnaudary, dans l'Aude, qui dispose en France de huit usines de production de semences avec des places de leaders en blé dur, colza et maïs vient de consacrer 10 M€ à la production de semences, avec notamment une augmentation de ses capacités de production en maïs de 1 200 ha et la construction d'un nouveau séchoir. Le groupe Limagrain a également investi dans son usine de semences de maïs de Saint-Mathurin-surLoire, dans le Maine-et-Loire, (lire p. 26).

Le maïs en tête des investissements

La coopérative Lur Berri a annoncé au printemps, un investissement de 7 M€ dans son unité de production d'hybrides de maïs d'Aïcirits, dans les Pyrénées-Atlantiques. Ses surfaces sous contrat avec le groupe DuPont Pioneer vont passer ainsi de 2 500 à 4 200 ha à partir de cette année... Et ce ne sont que quelques exemples. Le maïs est sans aucun doute l'espèce qui actuellement suscite les plus gros investissements en France, avec des outils souvent destinés en parallèle à la production de semences de tournesol. « Entre les récoltes 2013 et 2014, les capacités de réception des usines françaises en semences de maïs, sont passées de 87 800 à 95 500 ha, constate Luc Esprit, directeur de la Fédération nationale interprofessionnelle des semences de maïs. Mais si on prend en compte les projets en cours, d'ici à la récolte 2017, les outils de production présents en France seront capables de traiter la production de 102 500 ha ! » Les raisons invoquées par les différents semenciers sont toujours les mêmes, satisfaire à la demande croissante des marchés européens, et sécuriser les rendements et la qualité des semences produites.

Les autres espèces font aussi l'objet de renforcement des outils ou de création de nouvelles unités, plus ponctuellement.

La modernisation passe aussi par les plants

Agrial, par exemple, a fortement investi avec RAGT semences, en mai dernier, dans une toute nouvelle station de semences fourragères et à gazon, à Maresché, dans la Sarthe. Exploité par la société Semara, détenue à 75 % par Agrial et 25 % par RAGT semences, ce nouvel outil industriel représente un investissement de 12 M€. Dimensionné pour traiter la production de 10 000 ha, il remplace les anciennes unités de production de Benoist Sem, filiale d'Agrial, à Bonnetable, et de RAGT semences, à Ruaudin, dans la Sarthe. Avec l'augmentation des capacités de production de la station de maïs semences de sa filiale Centre Sem, à Reignac-sur-Indre, en Indre-et-Loire, et la modernisation en cours de son usine de semences de céréales à paille de Saint-Sylvain, dans le Calvados, le groupe Agrial a investi près de 35 M€ en cinq ans, dans la production de semences. La coopérative a également repris une partie du fonds de commerce, production et commercialisation de graminées fourragères, des Etablissements Laboulet, en Picardie. Deleplanque vient aussi d'inaugurer le 8 octobre dernier, une toute nouvelle usine de production de semences à Villefollet, dans les Deux-Sèvres. Partenaire de longue date du groupe allemand Strube, le semencier français est spécialisé dans les semences de betteraves, mais aussi de seigle hybride, de blé hybride, de colza et de tournesol, et produit des semences pour plusieurs obtenteurs. Il a d'ailleurs annoncé qu'il entendait dans les cinq prochaines années, faire passer son programme de production de 5 000 à 11 000 ha, et doubler le nombre d'agriculteurs de son réseau. Deleplanque disposait déjà d'outils de production dans le Sud-Est et le Centre.

Florimond Desprez s'est également doté en 2010 d'une toute nouvelle unité de production multiespèce, à Cappelle-en-Pévèle, dans le Nord. Sa filiale SES VanderHave a construit une nouvelle usine de production de semences de betteraves à Calignac, près d'Agen, dans le Lot-et-Garonne. La filiale française du semencier allemand Saaten Union a aussi regroupé ses productions de semences de céréales dans de nouvelles installations à Ronquerolles, près de Clermont, dans l'Oise. Là encore, on pourrait citer d'autres exemples, sans compter les améliorations au sein des usines, les investissements dans des technologies nouvelles comme les trieurs optiques, par exemple chez Unéal.

Les plants de pomme de terre, ont également nécessité de nouveaux investissements. Pour faire face à l'accroissement des surfaces de production et du nombre d'analyses, ainsi qu'à l'augmentation de la demande en boutures, la première génération de la production des plants, le Comité Nord plants de pommes de terre, s'est équipé d'une nouvelle station à Achicourt, près d'Arras dans le Pas-de-Calais. Il en a profité pour construire sur le même site un centre de recherche. Le montant total de l'investissement s'est élevé à 11 M€ et la toute nouvelle station a été inaugurée, il y a tout juste deux ans. En semences comme en plants, les outils industriels sont en train de se moderniser.

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